Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre exploitation ?
Véronique Lerouge, je suis éleveuse de volailles à Montigné-le-Brillant, installée en GAEC avec mon mari et mon frère sur une exploitation de 195 ha, 750'000 L de lait avec 50 vaches allaitantes et un élevage de taurillons, ainsi que des cultures et 1 bâtiment volailles de 1'000 m2.
Au départ, nous ne faisions que du lait, mais avec la mise en place des quotas laitiers et donc la baisse de nos revenus en lait, nous avons décidé de nous diversifier et de créer en 1990 un bâtiment volailles, même si historiquement, nous ne sommes pas dans une zone d’élevage de volaille.
Je suis également co-présidente de l’association Certi’Ferme, engagée dans la démarche VALEURS D’ELEVEURS, dans laquelle je me suis impliquée dès sa création.
Parlez-nous de la passion que vous avez pour votre métier ?
Quand nous avons décidé de nous diversifier, j’ai vite opté pour l’élevage de volailles et plus spécifiquement de dindes certifiées même si la demande des consommateurs n’était pas importante à l’époque.
Je suis seule à m’occuper du bâtiment volailles et j’étais désireuse d’un animal avec lequel je puisse échanger. Nous gardons les dindes avec nous près de 4 mois et demi et j’ai donc le temps d’établir avec eux une vraie relation. J’avoue également que les démarrages avec les poussins sont très plaisants et la conduite d’élevage plus agréable.
Et puis j’aime transmettre, échanger avec le consommateur, expliquer notre métier et nos savoir-faire.
Quand on me dit que je fais de la Dinde industrielle, j’aime inviter le consommateur à venir chez moi pour lui montrer et lui expliquer mon travail. Nos animaux ont de la place pour grandir et une litière confortable, bien au chaud dans nos bâtiments. Souvent des consommateurs me rappelle et me recontacte pour me montrer leurs étiquettes de dinde venant de chez moi, et j’en suis très fière.
Je suis fière de me battre pour que le consommateur puisse trouver en grande surface une dinde de qualité – née, élevée, abattue et transformée localement - à un prix accessible.
Pourquoi êtes-vous acteur de la démarche valeurs d'éleveurs ?
Pour le cahier des charges certifié !
En lançant l’association Certi’Ferme nous voulions redonner confiance au consommateur en lui proposant une volaille saine et sûr. La démarche VALEURS D’ELEVEURS assure cette continuité en proposant un cahier des charges qui répond aux nouvelles attentes des consommateurs en termes de développement durable et nous permet, en tant qu’éleveurs, de valoriser notre production.
Ce qui m’a séduit c’est :
- une alimentation 100% végétale et non-OGM avec des céréales exclusivement françaises. Et puis, c’est aussi la valorisation de mes cultures : même si ce ne sont pas nécessairement mes céréales que mes dindes consomment, je sais que c’est un collègue agriculteur de l’Ouest qui les a produits pour nous et cela me rassure et me donne toute confiance dans l’aliment que je donne à mes animaux.
- la traçabilité du produit et une démarche de valorisation de nos productions locales : des volailles nées, élevées, abattues et transformées en France, dans le Grand Ouest.
- un accompagnement pour produire une viande de qualité, plus saine pour le consommateur, et plus respectueuse de l’environnement. En effet, grâce à la valorisation de ma production, je sais que les investissements que je réalise pour le bien-être des animaux ou l’environnement seront rentabilisés à bon escient.
Pouvez-vous nous citer des exemples concrets mis en pratique au sein de votre exploitation en lien avec le développement durable et/ou le bien-être animal ?
Afin de pouvoir proposer des Dindes élevés sans antibiotique, il nous a fallu mettre en place des protocoles bien précis allant dans le sens du développement durable et du bien-être de l’animal.
Comme par exemple la mise en place d’auto-vaccin permettant de réduire l’usage d’antibiotique à leur strict nécessité.
La mise en place de bonnes conditions d’ambiance au démarrage et l’entretien attentif de la litière, conjugué à une bonne isolation de notre bâtiment et une densité réduite, nous ont permis d’améliorer le bien-être des animaux et de réduire notre empreinte carbone significativement.
Que représente pour vous la notion de "bien produire pour manger mieux" ?
C’est faire le choix d’une volaille de qualité, produite près de chez moi et sans antibiotique ; mais pas à n’importe quel prix.
C’est une volaille « née, élevée, abattue et transformée » en France afin de préserver nos filières de production vertueuses et notre terroir, face à des produits importés de pays où les conditions d’élevage sont beaucoup moins respectueuses de l’environnement et des animaux, et où la traçabilité des produits n’est pas toujours assurée.
C’est enfin se réapproprier la volaille, réapprendre à la cuisiner sous toutes ses formes : entière, au four, en sauce, rôtie, panée, en escalope, etc. Se faire plaisir en cuisinant soi-même de bons produits.
En conclusion, avez-vous un message à transmettre au consommateur final de vos produits ?
Lisez bien vos étiquettes afin de trouver les bons produits.
Et réapprenez à cuisiner ces produits et à les savourer… et notamment la Dinde qui peut se cuisiner de nombreuses façons différentes…
et avec les fêtes de fin d’année, pensez à une bonne dinde aux marrons !